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Interview
L' interview De Lacombe
Régulièrement annoncé sur des bancs de
L1 comme récemment à Rennes ou à Paris,
Guy Lacombe reste pour l’heure
un observateur avisé du championnat.
Consultant télé depuis sa séparation
avec Sochaux cet été, l’ancien
technicien guingampais évoque les
difficultés de la fonction d’entraîneur.
Guy Lacombe, on vous annonce du côté
de Rennes depuis quelques jours.
Confirmez-vous ce bruit ?
Je ne sais pas d’où çà vient. Ce sont
des rumeurs de bas étages. Je n’ai pas de contact. Il faut être respectueux des gens
qui sont en place.
Même chose du côté du PSG ?
Même réponse.
Vous êtes consultant télé depuis cet été.
Est-ce un bon moyen de rester au plus
près de l’actualité de la L1 ?
C’est très enrichissant et on a une
approche différente. Cela permet de voir
deux équipes objectivement et de ne parler que de jeu, sans le stress des deux collègues
qui sont en bas sur le banc. Sur le banc,
on ne voit que sa propre équipe finalement.
Plus généralement, quel regard portez-vous
sur l’évolution de la fonction d’entraîneur ?
La fonction devient de plus en plus
compliquée, quel que soit le niveau.
J’ai commencé en 1995 avec Sochaux en D1
mais c’est la même logique à tous les étages. C’est un métier très difficile mais qui reste excitant. Ce qui a changé, c’est le poids grandissant des contraintes extérieures,
souvent peu en rapport avec le terrain.
Et parfois intolérables.
Il y a un thème à la mode en ce moment,
celui de cycle pour un entraîneur avec son effectif. Qu’en pensez-vous ?
Ce n’est pas dû aux techniciens, ce sont
les circonstances. La Loi Bosman a énormément changé la donne. C’est une évolution
considérable sur l’évolution des mentalités des joueurs qui ont désormais la possibilité de partir très vite en France ou à l’étranger.
Il y a beaucoup plus de mouvements. L’identité des clubs et leur développement s’en
ressentent fatalement. C’est plus difficile de construire, ça n’existe quasiment plus.
Et puis, il y a cette pression croissante des résultats, les présidents, l’environnement…
Le technicien est en première ligne tous les week-ends. La stagnation n’existe pas pour
un club ou un joueur : il faut avancer.
Mais il y aura toujours des exceptions.
Quand on voit le travail de Claude Puel
à Lille, il y a un vrai projet cohérent, sur le long terme, avec une même ossature de
jeunes joueurs et une véritable entité club.
Quelle influence a ce culte du résultat
pour un entraîneur sur le jeu. D’éventuelles compositions d’équipes plus frileuses ?
C’est un faux procès. L’entraîneur
compose surtout avec les forces en présence,
son équipe et les caractéristiques de l’adversaire. L’essentiel est de mettre en
place un cadre dans lequel les joueurs
évoluent en confiance. Après, c’est vrai que quand le groupe est fragilisé, on peut avoir tendance
à ajouter ponctuellement un cinquième
défenseur.
Comment jugez-vous en tant que technicien les critiques émises envers la Ligue 1, jugée trop fermée, pauvre en buts ?
C’est un virage amorcé par le football français depuis les années 1990. C’est devenu un championnat très difficile, très fort sur le plan tactique. La L1 est aussi régulièrement pillée. Il y a deux ans, nous avions encore des joueurs comme Cissé ou Drogba. On a un championnat formateur, pour alimenter les championnats espagnol, italien, anglais et même allemand.
Notez-vous des évolutions tactiques cette saison sur les terrains ? Beaucoup de formations s’inspirent du 4-3-3 lyonnais…
Il est vrai que Lyon a une grosse avance sur la concurrence, avec un gros travail depuis 1987 pour en arriver là. L’organisation lyonnaise leur permet souvent de remporter la bataille du milieu, la concurrence doit s’adapter. Après, tout dépend des caractéristiques. Rennes pratique ainsi depuis pas mal de temps, avec Frei seul en pointe. Ce qui reste primordial, c’est l’animation.
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